© Éric Cascales

Éric CascalesMicrobiologie

Médaille d’argent du CNRS

Directeur de recherche CNRS en microbiologie et directeur du Laboratoire d'ingénierie des systèmes macromoléculaires (LISM)1  à Marseille.

Éric Cascales contribue de façon majeure à la compréhension des mécanismes impliqués dans la compétition entre bactéries. Il est récompensé par la médaille d’argent du CNRS.

Saviez-vous que notre organisme était le siège permanent de batailles aux allures médiévales entre des bactéries ? Ces dernières entrent en compétition autant pour coloniser une niche peuplée par d’autres bactéries, que pour assurer leur survie en cas de famine. Dans cette lutte, les bactéries ont recours à différents mécanismes, comme le système de sécrétion de type 6 (SST6) au cœur des recherches d’Éric Cascales et de son équipe depuis 16 ans au sein du LISM. « Certaines bactéries assemblent une flèche chargée en toxine qui est entourée par un fourreau contractile. Ce dernier agit comme un ressort et propulse la flèche qui transperce une bactérie cible et la tue », décrit le chercheur.

Les recherches de son équipe ont permis d’obtenir une compréhension très détaillée de ce mécanisme présent chez 20 à 25 % des bactéries. Par exemple, comprendre comment la cellule propulse la flèche sans blesser sa propre membrane. « La bactérie assemble un complexe membranaire, une sorte de canal qui vient former une meurtrière à travers laquelle la flèche va passer lorsque le ressort se contracte », explique Éric Cascales. La bactérie doit aussi se protéger de tirs ennemis. S’ils proviennent d’une bactérie sœur qui produit les mêmes toxines qu’elle, elle est alors capable d’élaborer un antidote qui inhibe la toxine. « Nous avons également été les premiers à mettre au point chez les bactéries certaines techniques de marquage in vivo qui nous ont permis d’obtenir des informations cruciales concernant l’assemblage du ressort », décrit le chercheur.

Plus récemment, les scientifiques se sont intéressés à certaines toxines atypiques parmi un arsenal d’environ 30 000 toxines mobilisées dans ce système de compétition. Ils étudient notamment la façon dont certaines bactéries modifient la structure d’enzymes impliquées dans des fonctions cellulaires classiques en armes redoutables en jouant notamment sur leur vitesse d’action. D’autres mystères restent également à creuser pour les scientifiques, notamment quel est le coût énergétique de la fabrication de ce système, ou comment faire évoluer cette machinerie en fonction des conditions environnementales des bactéries.

« J’ai toujours aimé intégrer de l’interdisciplinarité dans mes travaux, mais aussi essayer d’adapter ou d’optimiser des techniques utilisées chez les eucaryotes pour les adapter aux bactéries ».

  • 1Aix-Marseille Université/CNRS