Rosa Cossart est lauréate du Grand prix de la Fondation pour la recherche médicale 2024

Distinction Biologie

Les prix de la Fondation pour la recherche médicale soutiennent et récompensent chaque année quelques-uns des plus grands talents de la recherche française. Ils sont créés à l’initiative de mécènes, fortement investis dans la lutte contre la maladie, qui souhaitent associer leur nom ou celui de personnes proches, aux progrès de la recherche. Cette année, Rosa Cossart obtient le Grand prix de la fondation. Ce prix de 120 000 €, décerné chaque année, honore une personnalité du monde scientifique de renommée internationale pour sa contribution exceptionnelle au progrès de la connaissance scientifique dans le domaine médical.

Dans le secret des circuits de l’hippocampe et de notre mémoire spatiale et temporelle

Rosa Cossart est directrice de recherche au CNRS, responsable de l’équipe « Développement des cartes cognitives de l’hippocampe » et elle dirige l'Institut de neurobiologie de la Méditerranée (Inmed)1 .

Ingénieure de l’École centrale de Paris et docteure en biophysique, Rosa Cossart est une experte mondialement renommée du développement de l’hippocampe, cette région du cerveau qui nous permet de nous repérer dans l’espace, d’ordonner et de mémoriser les événements de notre vie. Son équipe a été pionnière dans l’exploration de la mise en place des réseaux de neurones qui constituent l’hippocampe au cours du développement.

Elle a ainsi montré le rôle central des toutes premières cellules nerveuses embryonnaires dans l’organisation des circuits de la mémoire présents à l’âge adulte. On sait que le développement du cerveau procède par étapes critiques depuis la conception jusqu’à l’âge adulte. Aussi cette approche permet-elle non seulement de comprendre l’agencement des circuits, mais aussi d’identifier les étapes et les mécanismes clés qui rendent cette structure cérébrale vulnérable aux troubles du développement.

Les avancées, majeures, de l’équipe de Rosa Cossart sont nées de l’interdisciplinarité et de la combinaison de technologies de pointe. Récemment, l’équipe a notamment développé des techniques optiques grâce auxquelles il est possible de visualiser en direct l’activité neuronale dans le cerveau de rongeurs actifs. Elles ont permis de confirmer le rôle central de neurones « hubs » hyperconnectés découverts dès 2009 par l’équipe, pierre angulaire de ses travaux. Ils ont la propriété de synchroniser, durant le développement, les autres neurones, qui forment ainsi des réseaux travaillant ensemble. De plus, l’activité de ces neurones hubs est modulée par les stimuli sensoriels produits par les mouvements du fœtus, puis du nouveau-né. La synchronisation, qui intervient au cours de certaines périodes du développement cérébral, joue un rôle crucial dans la mise en place des circuits cérébraux. Ces neurones hubs semblent donc être les pivots d’un bon développement cérébral, mais aussi, potentiellement, des portes de susceptibilité aux troubles du neurodéveloppement.

L’équipe a également montré que, chez l’adulte, ces neurones spécifiques continuent à assurer leur rôle de chef d’orchestre des circuits de l’hippocampe et à induire une réponse coordonnée des circuits cérébraux en réponse aux stimuli qui proviennent de notre environnement (sensations tactiles, lumière, etc.). En outre, à cet âge, l’hippocampe est constitué d’ensembles de neurones qui, activés simultanément, permettent d’ordonner nos expériences dans le temps et l’espace.

Ainsi, au fil des découvertes, les secrets du fonctionnement de l’hippocampe sont peu à peu révélés. Dorénavant, l’objectif de Rosa Cossart est aussi de comprendre comment les troubles du développement perturbent cette orchestration. Avec l’espoir d’ouvrir la voie à de nouvelles approches pour diagnostiquer et traiter, à terme, des affections comme l’autisme, la schizophrénie ou l’épilepsie.

  • 1Inserm/Aix-Marseille Université